Déroulement accouchement déclenché



En France, on constate qu’un accouchement sur cinq est déclenché... soit pour des raisons de convenance personnelle, soit pour des raisons médicales nécessaires pour protéger le bébé et sa maman. Lorsque l’accouchement est provoqué, les étapes de la phase de travail ne sont pas spontanées, elles sont stimulées artificiellement par l’administration de médicaments et le recours à certaines méthodes de déclenchement. Inutile de se demander quand partir à la maternité, la date de naissance est programmée plusieurs semaines avant le terme !

Le déroulement de l’accouchement déclenché

La veille du déclenchement

Dans la plupart des cas, la future maman rentre à la maternité la veille du déclenchement, généralement, elle est hospitalisée le soir. Ce laps de temps est nécessaire pour suivre certaines étapes obligatoires qui respectent les conditions de sécurité exigées. Il est impératif que les examens de la femme enceinte soient parfaitement à jour : consultation pré-anesthésique avec l’anesthésiste, bilans biologiques... La sage-femme procède ensuite à un examen vaginal pour vérifier l’état du col, s’il est favorable ou non. La future maman est ensuite placée sous monitoring afin de permettre la surveillance des paramètres essentiels au bon déroulement du déclenchement le lendemain : rythme cardiaque du bébé, existence ou non de contractions utérines...

Déroulement de l’accouchement programmé

Le jour du déclenchement

Tôt le lendemain matin, la future maman est amenée dans une salle de pré-travail et à nouveau placée sous monitoring. Pour des raisons sécuritaires, le déclenchement de l’accouchement doit avoir lieu à proximité d’une salle de césarienne, quelque soit la méthode de déclenchement utilisée. Un toucher vaginal est encore effectué afin de vérifier l’état du col. Lorsqu’il s’agit d’un déclenchement de convenance, il est nécessaire que le col soit favorable, c’est l’une des conditions requises. Mais s’il s’agit d’un déclenchement d’indication médicale nécessaire à la protection de l’enfant et de sa mère, les conditions ne sont pas toujours réunies et il arrive fréquemment que le col ne soit absolument pas favorable.

Si le col n’est pas suffisamment favorable, la première méthode de déclenchement utilisée c’est l’application d’une substance proche des prostaglandines sous forme de gel (ou de mini-tampon Propess) autours de la zone vaginale. Il s’agit d’une hormone qui assouplit et favorise la dilatation du col. Lors d’un accouchement spontané, c’est la perte des eaux qui permet la libération des prostaglandines qui vont accélérer la dilatation et la phase de travail. Néanmoins, lors de certains accouchements déclenchés, l’application de prostaglandines ne suffit pas à provoquer la mise en travail.

Dans ce cas, l’obstétricien utilise une autre méthode de déclenchement : la perfusion d’ocytocine. Lors d’un accouchement spontané, ce sont les systèmes nerveux de l’enfant et de sa maman qui permettent la libération de l’ocytocine dans l’organisme. Cette hormone va alors entraîner naturellement l’apparition des premières contractions en stimulant l’utérus. Mais quand il s’agit d’un déclenchement artificiel de l’accouchement, on utilise la forme artificielle de l’ocytocine, une substance appelée picotin. Grâce à un système de goutte à goutte, c’est l’obstétricien qui contrôle la dose administrée à la future maman. L’inconvénient majeur avec cette méthode de déclenchement ? Dans la plupart des cas, le débit du soluté n’est pas suffisant pour provoquer des contractions efficaces qui permettent la dilatation du col utérin ! Ce qui oblige l’obstétricien à réajuster et à augmenter la dose administrée afin d’obtenir des contractions plus intenses et plus fréquentes qui permettront de déclencher le processus de mise en travail. Mais voilà... l’utérus sur-stimulé provoque des contractions bien plus douloureuses que celles d’un accouchement spontané et naturel. Pour cette raison, la pose de la péridurale accompagne souvent la perfusion d’ocytocine afin d’aider la future maman à mieux endurer les contractions.

Une fois le travail commencé et le col suffisamment dilaté, la sage-femme se charge de rompre la poche des eaux, c’est ce qu’on appelle une amniotomie. Cette intervention se fait à l’aide d’un instrument muni d’un petit crochet à son extrémité. Lorsqu’une contraction survient, la sage-femme griffe les membranes qui se rompent instantanément, ce qui permet au liquide amniotique de s’écouler. Ce n’est pas douloureux du tout. Il s’agit aussi d’une méthode de déclenchement utilisée lorsque l’application de prostaglandines n’est pas recommandée chez certaines femmes enceintes. L’objectif principal de la rupture artificielle de la poche des eaux c’est de raccourcir la durée du travail. En effet, la perte des eaux entraîne la libération des prostaglandines qui vont stimuler de façon plus intense les contractions pour rendre la dilatation plus rapide. Néanmoins, l’amniotomie est aujourd’hui très critiquée, notamment en raison de sa pratique devenue quasiment systématique lors des accouchements déclenchés. En effet, la rupture artificielle de la poche des eaux devrait se faire uniquement lorsque le bébé est déjà engagé dans le bassin maternel. Dans le cas contraire, le risque que le cordon s’enroule autours du cou et de la tête du bébé est plus élevé : ce qui implique une diminution de l’apport en oxygène pour le foetus.

Ensuite, les étapes de l’accouchement déclenché se déroulent exactement de la même façon qu’un accouchement spontané...

Et le déclenchement en urgence ?

Il arrive parfois qu’un accouchement soit déclenché en urgence... par exemple, lors d’une rupture prolongée de la poche des eaux qui expose le foetus à un risque infectieux plus élevé. Ou lorsque la future maman subit des heures de faux travail pénible et douloureux...

Accouchement programmé en pratique

En cas de rupture prolongée de la poche des eaux, le délais d’expectative ne dépasse généralement pas 48h. Si les premières contractions ne surviennent pas spontanément dans les 24h à 48h qui suivent la perte des eaux, l’obstétricien décide de déclencher l’accouchement en urgence. Les méthodes de déclenchement utilisées seront les mêmes que pour un accouchement programmé à l’avance : prostaglandines au départ (sous forme de gel ou de mini-tampon Propess par exemple), puis si ça ne suffit pas, une perfusion d’ocytocine. Bon à savoir : Lors des accouchements programmés, les conditions de sécurité exigées sont suivies à la lettre par les obstétriciens. Pendant le déclenchement, la phase de travail et l’expulsion, le foetus est surveillé grâce au monitoring qui révèle son tonus cardiaque et qui détecte le moindre trouble. Si l’on constate que le foetus présente des fragilités, le déclenchement (qu’il soit d’indication médicale ou de convenance personnelle) devient trop risqué. L’obstétricien aura alors recours à la césarienne en urgence.

Les autres techniques de déclenchement

La majorité des accouchements programmés sont déclenchés principalement grâce à deux méthodes : les prostaglandines et l’ocytocine. Mais il existe également d’autres techniques moins fréquemment utilisées :

 Le décollement des membranes : Il s’agit d’une méthode mécanique de déclenchement. Elle est généralement proposée lorsque le déclenchement sans raison médicale urgente est envisagé. Dans la plupart des cas, le décollement des membranes est pratiqué chez les femmes dont l’âge de grossesse a dépassé la date du terme, soit à partir de la 40ème semaine de grossesse. Pour se faire, la sage-femme insère un doigt dans le vagin et effectue de légers mouvements circulaires censés décoller les membranes de la paroi utérine. Cette pratique mécanique entraîne une production et une activation des prostaglandines, à l’origine du déclenchement du travail. Toutefois, on constate que le décollement des membranes n’est pas une méthode 100% efficace. Dans bien des cas, il est nécessaire de subir plusieurs décollements avant de déclencher l’accouchement. Il semblerait que cette méthode soit également très douloureuse, pouvant notamment entraîner une fréquence plus grande des saignements.

 Le cytotec : Attention ! Ce médicament dont la propriété principale est de provoquer les contractions est en réalité contre-indiqué comme méthode de déclenchement ! Pourtant, il est malheureusement encore utilisé, notamment en raison de son faible coût financier. Je vous invite donc à la plus grande vigilance.

Les accouchements programmés d’indication médicale sont inévitables lorsqu’il s’agit de protéger un enfant et sa maman exposés à un risque plus élevé de complications pendant l’accouchement. Néanmoins, la plupart des obstétriciens demeurent sceptiques quant à cette pratique pour des raisons de convenances... On a toujours le choix. Si l’accouchement provoqué est une option pour vous, je vous invite à réfléchir quant aux risques existants. Il arrive fréquemment que les méthodes de déclenchement utilisées n’aient pas d’influence sur la dilatation du col et le démarrage du travail. Ces échecs de déclenchement contraignent les obstétriciens au recours à la césarienne, une décision lourde de conséquence. Lorsqu’il s’agit de déclenchement de convenance, ces échecs sont souvent mal vécus par les parents, notamment, par la future maman qui doit accepter malgré elle l’incision inévitable. Des études ont récemment révélé un recours au forceps plus élevé lors des accouchements déclenchés. Ceci incite donc à la plus grande vigilance... Si vous avez le choix, je vous suggère d’imaginer les différents scénarios possibles afin d’être préparée psychologiquement à tous les cas de figures qui peuvent survenir le jour où l’accouchement sera déclenché...


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