Déclenchement artificiel de l’accouchement



Parfois, la phase de travail qui précède un accouchement ne se déclenche pas de façon naturelle et spontanée. Il faut alors aider la nature à retrouver ses droits et déclencher artificiellement le travail ! Une décision médicale qui n’enchante pas les parents mais qui demeure pourtant nécessaire pour protéger la maman et son bébé. Dans quels cas faut-il déclencher l’accouchement ? Pour quelles raisons ? Explications.

Aujourd’hui, de nombreuses femmes enceintes inscrivent dans leur agenda la date de naissance de leur bébé avant même d’avoir accouché... C’est ce qu’on appelle un accouchement programmé. Sujet à controverses qui divise parents et médecins, l’accouchement provoqué est considéré comme un choix idéal pour certains et comme une aberration pour d’autres... Mais voilà... certaines futures mamans n’ont pas le choix : elles rêvaient de mettre au monde leur enfant dans des conditions respectueuses de la nature qui en a pourtant décidé autrement.

Dans quels cas faut-il déclencher l’accouchement ?

La décision de provoquer artificiellement l’accouchement n’est pas toujours bien accueillie par les futurs parents qui doivent pourtant accepter.

Déclenchement artificiel de l’accouchement

Le déclenchement artificiel d’un accouchement devient nécessaire lorsqu’il existe un risque pour le bébé ou pour la maman. Il peut s’agir d’un déclenchement d’indication médicale programmé plusieurs semaines à l’avance et dans ce cas, la future maman a le temps de se préparer psychologiquement... mais parfois, il s’agit d’un déclenchement d’urgence qui peut résulter de multiples circonstances. Difficile alors pour les parents de faire face et d’accepter. Les circonstances qui amènent les médecins à provoquer l’accouchement sont les suivantes :

 Dépassement du terme : En l’absence d’accouchement après la 39ème semaine + 6 jours, il est recommandé de réaliser un déclenchement artificiel. Le médecin pourra toutefois permettre un délai supplémentaire de 2 semaines après cette date à condition de surveiller en permanence la mère et son enfant. Au-delà de ces 2 semaines, l’accouchement sera immédiatement déclenché.

 Rupture prolongée de la poche des eaux sans mise en travail : Dans la plupart des cas, la poche des eaux se rompt automatiquement sous l’effet des contractions qui s’enchaînent. Néanmoins, la rupture des membranes peut avoir lieu en l’absence de contractions. Dans 80% des cas, le travail se déclenche spontanément dans les 24h qui suivent car la perte des eaux libère des prostaglandines : des hormones qui déclenchent les contractions utérines. Mais voilà... parfois, la perte des eaux ne provoque pas le début du travail. Le bébé est alors exposé à un risque infectieux plus élevé. Le délai d’expectative ne dépasse généralement pas les 48h. Ce qui signifie que si le travail ne démarre pas dans les 48h qui suivent la perte des eaux, le médecin décidera de déclencher artificiellement le travail, dans ce cas, il s’agit d’un déclenchement d’urgence. La méthode de déclenchement utilisée sera l’application de prostaglandines (sous forme de gel ou de mini-tampon) et si ce n’est pas suffisant d’une perfusion d’ocytocine.

 Diabète gestationnel mal équilibré : Si la future maman souffre de diabète gestationnel, la décision de déclencher artificiellement l’accouchement est décidée au cas par cas. Si la maladie est bien équilibrée, il n’y a aucune raison de programmer un accouchement... En revanche, si le diabète est mal équilibré ou qu’il a des répercussions directes sur le foetus (macrosomie foetale par exemple), le déclenchement d’indication médicale est nécessaire. Il est alors recommandé de ne pas dépasser la 36ème semaine + 6 jours pour provoquer l’accouchement.

 Grossesse gémellaire : Le déclenchement artificiel du travail n’est pas systématique en cas de grossesse gémellaire à condition d’accoucher avant la 37ème semaine de grossesse. Après 37 semaines, la mortalité périnatale est augmentée, il donc recommandé de déclencher artificiellement l’accouchement après la 37ème semaine + 6 jours.

 Antécédent d’accouchement rapide inférieur à 2h : A partir de la 37ème semaine et si le col de l’utérus est favorable, un déclenchement artificiel de travail est suggéré à la future maman.

 Pré-éclampsie : Les complications qui peuvent s’aggraver au cours de l’accouchement comme que la pré-éclampsie ou la cardiopathie nécessitent un accouchement provoqué : soit par déclenchement artificiel, soit par césarienne.

 Arrêt de croissance foetale : Cette situation à haut risque périnatal conduira l’obstétricien à déclencher artificiellement le travail ou à réaliser une césarienne.

 Signes de mal-être de l’enfant : Absence de mouvements

 Hydramnios : Trop de liquide amniotique

 Oligoamnios : Pas suffisamment de liquide amniotique

 Macrosomie fœtale : Bébé dont le poids de naissance est estimé supérieur à 4 kilos.

 En cas de faux travail : En règle générale, le faux travail précède de quelques jours la survenue du "vrai travail", le déclenchement n’est donc pas nécessaire. Mais en cas de faux travail pénible et trop douloureux, un déclenchement d’urgence peut s’avérer nécessaire pour abréger les souffrances de la future maman.

La condition principale du déclenchement c’est le bien-être fœtal. Pour cette raison, si l’enfant montre des fragilités, le déclenchement (qu’il soit de convenance ou d’indication médicale) devient trop risqué. Il sera alors pratiqué une césarienne.

La surveillance du déclenchement artificiel

Avant de procéder au déclenchement de l’accouchement, le médecin évalue certains paramètres essentiels afin d’éradiquer les dangers potentiels qui guettent la mère et son enfant, en d’autres termes, les conditions de sécurité sont toujours respectées !

 vérification de la disponibilité des moyens nécessaires à la surveillance maternelle et foetale
 évaluation de la longueur et de la dilatation du col
 vérification de la position de la tête du foetus
 le monitorage fœtal doit être réalisé immédiatement avant le déclenchement du travail : pendant le déclenchement et lorsque le travail aura enfin commencé, le médecin surveille en permanence bébé grâce au monitoring qui révèle son tonus cardiaque et qui détecte le moindre trouble.

Bon à savoir : le déclenchement artificiel de l’accouchement doit être réalisé à proximité d’une salle de césarienne... et ce, quelle que soit la méthode de déclenchement utilisée ! L’accouchement provoqué semble entraîner une augmentation du risque de césarienne, une conséquence qui résulte principalement de l’absence d’ouverture du col ou de la stagnation du travail, c’est ce qu’on appelle un échec de déclenchement.

Les méthodes de déclenchement

Il existe plusieurs méthodes pour déclencher artificiellement le travail et l’accouchement. Mais le choix de l’utilisation de telle ou telle technique dépend de plusieurs paramètres : la dilatation du col, la nécessité de faire sortir le bébé rapidement (dans le cas de la perte des eaux et d’absence de travail par exemple), des éventuelles pathologies maternelles et des préférences du médecin.

Mais on constate que deux techniques sont plus fréquemment utilisées que d’autres :

 Les prostaglandines : C’est la méthode la plus fréquente puisqu’elle est très efficace et qu’elle comporte moins de désavantages que les autres techniques. Elle est utilisée lorsque le col n’est pas favorable, en règle générale, c’est lorsqu’il s’agit d’un déclenchement d’indication médicale. Il s’agit en réalité d’une substance proche des prostaglandines : cette forme artificielle est généralement utilisée sous forme de gel (ou de mini-tampon Propess par exemple) qu’on applique autours de la zone vaginale pour provoquer la maturation du col et stimuler les contractions utérines. Dans de nombreux cas, cette méthode suffit pour déclencher l’accouchement. Sinon, le recours à la perfusion d’ocytocine devient nécessaire.

 L’ocytocine (ou picotin) : Il s’agit en réalité de la forme artificielle de l’ocytocine, une substance appelée picotin. Lors d’un accouchement spontané, l’ocytocine est l’hormone qui entraîne physiologiquement les contractions utérines : elle est sécrétée naturellement par les systèmes nerveux de la future maman et de son bébé. Cependant, en cas de déclenchement, on constate que l’administration du picotin doit souvent être réajustée et augmentée pour parvenir à provoquer des contractions efficaces qui déclencheront la mise en travail. Mais ce surdosage entraîne l’utérus à produire des contractions bien plus intenses et bien plus douloureuses que celles d’un travail spontané. Pour cette raison, il est habituel d’associer à cette méthode la pose d’une péridurale pour aider la future maman a mieux endurer les contractions et faciliter le déroulement de l’accouchement déclenché ainsi que la progression du travail.

Les autres méthodes de déclenchement demeurent moins fréquemment utilisées :

 Le décollement des membranes : C’est une méthode mécanique qui est proposée lorsque le déclenchement sans raison médicale urgente est envisagé. La plupart du temps, cette technique est utilisée chez les femmes enceintes qui ont dépassé leur terme. L’acte consiste à introduire un doigt dans le vagin et d’y effectuer des mouvements circulaires afin de décoller les membranes de la paroi utérine. Cette méthode ne fonctionne malheureusement pas à tous les coups, elle demeure d’ailleurs très douloureuse pouvant également être la cause de saignements récurrents. Plusieurs décollements sont souvent nécessaires pour provoquer un accouchement.

 Rupture artificielle de la poche des eaux : C’est ce qu’on appelle une amniotomie. Cet acte médical se fait à l’aide d’un instrument muni d’un petit crochet à son extrémité. Lorsqu’une contraction survient, la sage-femme "griffe" les membranes, ce qui permet l’écoulement du liquide amniotique. Cette méthode est généralement utilisée lorsque l’application des prostaglandines est impossible chez la future maman. L’objectif de cette technique c’est de raccourcir la phase de travail. En effet, la rupture de la poche des eaux libère des prostaglandines qui stimulent les contractions utérines. Celles-ci devenant plus fréquentes et plus efficaces accélèrent alors la dilatation du col, ce qui entraîne plus rapidement l’expulsion. Cependant, l’amniotomie demeure une pratique très controversée, notamment, en raison de sa pratique devenue quasiment systématique lors des accouchements déclenchés. La rupture artificielle de la poche des eaux devrait être réalisée uniquement lorsque le foetus est déjà bien engagé dans le bassin maternel. Le cas échéant, le risque que le cordon s’enroule autours du cou de l’enfant est plus élevé : ce qui implique une diminution de l’apport en oxygène.

Cas particuliers et contre-indications

Déclenchement artificiel du travail

Il n’existe pas vraiment de contre-indication absolue. Néanmoins, pour les femmes ayant déjà subi une césarienne, le déclenchement de l’accouchement implique une augmentation du risque de rupture utérine. Tout dépend donc de l’obstétricien choisi et de son point de vue sur le sujet. Il arrive que pour une indication maternelle ou foetale, le déclenchement artificiel du travail s’avère malgré tout nécessaire même avec un utérus cicatriciel ! Dans ce cas, le médecin évitera d’utiliser les prostaglandines comme méthode de déclenchement. La présentation du siège n’est pas une contre-indication absolue à condition de réunir les bonnes conditions obstétricales.

Le déclenchement artificiel du travail peut être programmé à l’avance ou décidé en urgence le jour de l’accouchement si le travail ne démarre pas spontanément. Quelque soit la situation, détendez-vous et gardez à l’esprit que le déclenchement artificiel de l’accouchement s’avère parfois incontournable lorsqu’il s’agit de protéger la mère et son bébé. La nature oublie parfois de faire son travail, il faut donc l’aider... Si le déclenchement n’est pas une option pour vous, acceptez-le et profitez de votre accouchement malgré les circonstances qui peuvent parfois être déroutantes et non conformes à ce que vous espériez.


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